Réflexion
Décidément, que la tranquillité revienne !
Que se passe-t-il donc au Faso ? On sent de plus en plus un profond qui se dégage. Sommes-nous en train de rejoindre certains pays dans lesquels il ne fait plus bon vivre ? Espérons que non ! Mais, du moment où les petites crises engendrent souvent des grandes, il y a de quoi être effaré. Une atmosphère hargneuse s’installe et l’intégrité des citoyens est menacée. Tout de même fâcheux !
Décidément, que la tranquillité revienne !
La joie, en effet, n’est plus au pays. Plus personne n’est content, chacun a quelques chose à revendiquer ou à dénoncer. Des élèves, des étudiants sans oublier les commerçants, certains corps habillés, des professeurs, les magistrats manifestent le besoin, la nécessité de se faire entendre. Ce qui prouve que, depuis fort longtemps, des choses allaient très mal même si on se permettait souvent de clamer qu’au Faso paix et fierté existaient. Peut-être la fierté est-elle encore de mise, celle surtout d’être Burkinabè, car celui qui a donné le nom actuel au pays était un grand et digne compatriote du Burkina, de l’Afrique en général.
Mais compte tenu du fait que certaines réalités de la vie sont si poignantes, on regrette amèrement le départ prématuré de ces hommes dont l’Afrique aura toujours grandement besoin
Décidément, que la tranquillité revienne !
Chacun dévoré par un loup arriviste dont l’esprit demeurera torturé et anxieux nonobstant l’opulence dans laquelle se trouve le corps. Parce que le bonheur ne se trouve pas forcément dans les milliards ; ni dans les voitures de luxe ou avec les jolies femmes. Le bonheur est un sentiment pur, naturel, insondable, qui jaillit du cœur et transforme la peine en hilarité, des pleurs en rires ; et la vie sur terre devient paradisiaque quelles que soient les conditions matérielles dans lesquelles on vit. Néanmoins, lorsque le corps est taché de sang, le cœur souillé de maltraitance, d’abus de pouvoir et d’indifférence face aux affections des autres, le sentiment de joie ne peut y germer. Un beau jour, on se rend compte simplement qu’on cueille progressivement les graines semées. Celles du népotisme outrancier, de l’injustice, de l’impunité, des détournements… Une moisson difficile, qui servira en même temps de passeport pour le pays des « sans-cœurs » ou des « cœurs pétrifiés ».
Que des grincements de dents ! La majorité des Burkinabè vit dans le besoin. Exposés toujours aux maux et victimes d’exploitation de la part des plus nantis. Les hommes, pour avoir du travail, souffrent à cause de la prise d’ampleur du favoritisme. On ne tient plus compte des aptitudes intellectuelles, il suffit d’avoir les « bras longs » comme on le dit. Ainsi, quel que soit le degré de médiocrité, on est embauché et très bien payé.
Et voilà donc que les personnes intelligentes et scrupuleuses se retrouvent dans le secteur informel malgré les diplômes importants dont elles disposent. Dean Stanley disait : « Chaque vie qui vaut la peine d’être vécue est une lutte constante. Mais lorsqu’on s’aperçoit qu’on lutte pour après ranger le fruit du dur labeur aux archives, c’est déjà ébranlant ».
Ceux qui ont la chance de travailler, civils comme hommes de tenue, se retrouvent avec des salaires de misère ; et comme si cela ne suffisait pas, ils se voient imposer des taxes dont la justesse reste toujours à démontrer. Pour un pays comme le nôtre, où les citoyens sont si souvent victimes de maltraitance, d’injustice et d’exploitation perpétuelles, il faut également des syndicats vrais et une opposition forte et courageuse.
Mais, hélas ! La dernière surtout, quoiqu’ayant un chef de file, ne se fait sentir guère dans le pays. A moins qu’il y ait quelques différends ; et c’est là qu’on entend leurs voix dans les médias ou qu’on lit leurs longs discours dans les journaux, réclamant le départ du président.
Trop facile ! On ne peut pas nourrir le cheval rien qu’à la veille de la course et s’attendre à ce qu’il soit vigoureux. Ce serait plutôt rire en se chatouillant. Ceux-là qui souffrent le plus ne savent pas ce qu’est la démocratie. Ils ignorent ce qu’on appelle alternance. Ces derniers ont seulement besoin de savoir que des gens se battent pour leur cause. Alors, qu’on nous épargne les longues allocutions, nous en avons trop entendu. Que des actes concrets se fassent ! Mais vu les hommes actuels, il y a de quoi avoir des doutes.
La veille ne semble pas du tout être pour demain. Des millions d’âmes sont essoufflées alors que la marche n’est pas sincèrement engagée. La marche triomphale vers l’horizon du bonheur, comme dans notre hymne national. Le Burkinabè est indéniablement un homme vaillant et courageux. Il suffit qu’on le mette dans des conditions acceptables, et il démontrera ses compétences. Alors qu’on arrête de le bâillonner, de le torturer parce que la réplique pourrait être imminente et spectaculaire. Ne dit-on pas qu’un Burkinabè n’est pas appelé à être un lâche ? Que ceux qui le font alors croupir dans la misère fassent donc très attention…
Décidément, que la tranquillité revienne !
Boris Y...